Un nouveau et triste record vient d’être enregistré pour cette année 2014 : entre le 1er janvier et le 20 novembre, 1 020 rhinocéros ont été tués par des braconniers en Afrique du Sud, soit plus de trois par jour. En 2013, année du précédent record, ce nombre s’élevait à 1 004.

Une augmentation de plus de 700 % en 6 ans

L’évolution du nombre de rhinocéros tués est alarmante. En 2009, on en comptait 122. Pour l’année 2014, on sait d’ores et déjà que la barre des mille sera franchie, ce qui représente une augmentation de plus de 700 % en 6 ans ! Dans le seul parc national Krugen, 672 carcasses ont été découvertes depuis le 1er janvier.

Des espèces menacées
Toutes les espèces de rhinocéros sont menacées à différents degrés. Si le rhinocéros blanc est « seulement » considéré comme « quasi menacé », le rhinocéros noir est quant à lui en « danger critique d’extinction » selon l’UICN.

À ce rythme, d’ici un ou deux ans, le taux de mortalité des rhinocéros pourrait dépasser leur taux de natalité. Autrement dit, l’effectif de la population des rhinocéros devrait commencer à diminuer.

Aujourd’hui, on compte moins de 30 000 rhinocéros dans le monde. En 1800, ils étaient 1 million.

Un trafic mondial

Les rhinocéros sont prisés des braconniers à cause de leurs cornes, qui se revendent jusqu’à 50 000 dollars le kilo sur le marché noir asiatique. Réduites à l’état de poudre, elles profiteraient à la médecine traditionnelle, surtout en Chine, en raison notamment de leurs prétendues vertus anticancéreuses. Au Vietnam, on s’en sert d’un côté pour concevoir des cocktails « aphrodisiaques », et de l’autre pour calmer la « gueule de bois »…

Un consensus semble pourtant régner chez les scientifiques (hors Chine) : les vertus que l’on prête aux cornes ne sont pas fondées. Tout au plus, elle pourrait contribuer à réduire la fièvre chez l’enfant pour une courte durée. Son efficacité serait donc très limitée, et on lui connaît des substituts plus efficaces (et sans doute moins coûteux).

Des mesures gouvernementales jugées insuffisantes

Plus de 90 % des rhinocéros en liberté se situent en Afrique du Sud. Voilà pourquoi tous les yeux sont rivés vers ce pays quand il s’agit d’agir pour leur conservation.

Le ministère sud-africain des affaires environnementales emploie toute sa bonne volonté dans la lutte contre le braconnage. Diverses mesures sont mises en œuvre : certains rhinocéros sont déplacés dans des parcs jugés plus sûrs ; d’autres sont vendus à des propriétaires privés, mieux à même de les protéger.

Le ministère a également a annoncé qu’il allait améliorer la coopération internationale, indispensable pour lutter contre ce crime organisé d’une envergure mondiale. Les services de renseignement seront utilisés pour démanteler les réseaux.

La ministre de l’environnement l’assure : « les résultats seront bientôt visibles ».

Cette lutte est difficile à mener. Les braconniers disposent de moyens importants : armes silencieuses, jumelles à vision nocturne, hélicoptères ; et ils sont d’une efficacité redoutable : ils tuent ou endorment l’animal avant d’arracher ses cornes — à coups de hache par exemple — en seulement quelques minutes. Si le rhinocéros est encore vivant après ça, ils le laissent se vider de son sang jusqu’à ce qu’il en meure.

D’après IFAW — Fonds international pour la protection des animaux, ONG de protection animale , les mesures envisagées par le gouvernement d’Afrique du Sud sont insuffisantes. Il faudrait s’attaquer directement à la cause de ce fléau, c’est-à-dire à la demande croissante de cornes en provenance d’Asie en faisant pression sur les États.

Certains scientifiques vont encore plus loin. Parmi eux, Duan Biggs, chercheur à l’université du Queensland, en Australie, estime que les mesures employées à ce jour pour sauver les rhinocéros sont tout simplement inefficaces. Plusieurs solutions ont été avancées : légaliser et réglementer le commerce de cornes ; empoisonner les cornes sur les animaux vivants, pour rendre malades leurs consommateurs sans les tuer (nausées, diarrhées).


Références :

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