Depuis quelques semaines, aux États-Unis, une nageuse fait parler d’elle dans les médias.

Elle, c’est Katharine, une femelle grand requin blanc de 4,32 mètres pour 1 043 kilogrammes. Elle a été aperçue près des côtes de Floride dimanche dernier (18 mai 2014), aux portes de la baie de Biscayne, à deux pas de Miami Beach.

Un requin dans le viseur des scientifiques

Pourquoi « blanc » ?
On l’appelle « grand requin blanc » en raison de la couleur blanche de sa face ventrale, qui contraste avec la couleur grise du reste de son corps.

Le 19 août 2013, des chercheurs travaillant pour le compte de l’organisation OCEARCH avaient balisé l’animal pour suivre sa trace et récolter des données. Leur objectif ? Mieux comprendre les habitudes et les comportements du grand requin blanc, notamment en matière d’alimentation, de reproduction et de migration.

Après avoir hissé Katharine hors de l’eau depuis leur bateau, les chercheurs n’ont eu que quinze minutes pour faire leur travail avant de la relâcher. Au cours de cette capture éphémère, ils ont effectué des prélèvements sanguins pour obtenir diverses informations sur l’animal. Ceux-ci peuvent par exemple révéler un état de gestation, donner des indications sur son alimentation, etc.

Dans le même temps, des capteurs ont été fixés sur la peau de l’animal pour connaître sa position géographique, sa vitesse, sa profondeur, ou encore la température de l’eau.

Parce que le grand requin blanc est un poisson migrateur, sa localisation permettra aux équipes d’OCEARCH de savoir quand Katharine sera en état de gestation. Chris Fischer, le fondateur de l’organisation, indique à ce sujet que « si elle retourne à Cap Code ce mois d’août, cela signifiera qu’elle ne sera probablement pas gestante » ; a contrario, si elle reste en Floride, sans doute le sera-t-elle.

La collecte de ces données est importante d’un point de vue scientifique, mais pas seulement ; leur étude permettra, à terme, d’élaborer des politiques de conservation et de sécurité publique plus efficaces afin d’éviter les attaques, que ce soit contre ou par l’homme.

Shark in South Africa

Shark in South Africa — Travelbag Ltd (travelbag.co.uk)/CC BY 2.0

Suivez le parcours de Katharine

Depuis son balisage il y a 9 mois, au large de la presqu’île de Cap Code (Nord-Est des États-Unis), Katharine a parcouru plus de 6 000 km le long de la côte est, jusqu’à atteindre le Sud de la Floride en cette fin de mois de mai.

Le tracé de son parcours est visible sur le site Internet d’OCEARCH et il est mis à jour toutes les 30 minutes, à condition qu’elle soit suffisamment proche de la surface pour que les données soient transmises. Il est donc facile de la suivre, d’autant qu’elle a même un compte Twitter !

Katharine n’est pas la seule à être balisée. Vous pouvez suivre les pérégrinations de plus de 80 requins sur ce même site.

Carte du parcours de Katharine

Parcours de Katharine — OCEARCH.org

Une espèce menacée selon l’UICN

Encore aujourd’hui, la réputation du grand requin blanc pâtit de l’image que les films tels Les Dents de la mer lui ont donnée ; celle d’un redoutable prédateur de chaire humaine sadique, à 20 000 lieues sous le niveau de la réalité.

Si le grand requin blanc attaque l’homme, c’est avant tout parce qu’il le confond avec ses proies habituelles (phoques). Et comme ses zones de chasses se concentrent souvent sur les côtes, il est logiquement amené à rôder là où il y a de l’activité humaine, et donc à rencontrer des hommes (surfeurs).

Mais ce requin est surtout une proie pour l’homme ; la pêche ne l’épargne pas. Ses mâchoires, très prisées, peuvent se vendre entre 20 000 et 50 000 dollars ; à l’unité, une simple dent peut valoir jusqu’à 800 dollars.

Alors, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le grand requin blanc paie le prix de sa réputation de mangeur d’homme. Le tuer serait un triomphe ; le désir de triompher une motivation pour le tuer. Et quand la pêche ne le menace pas, la pollution s’en charge, ce qui lui vaut d’être classé parmi les espèces vulnérables.


Références :

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