Alors que le loup semble s’installer durablement sur le territoire français, l’on assiste à une exacerbation des tensions entre les défenseurs de l’espèce et ses détracteurs. La classe politique s’est également emparée du sujet, entretenant la polémique. En avril dernier, le Ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll déclarait : « Je préfère les éleveurs aux loups ». En juin, sa collègue du ministère de l’Ecologie, Ségolène Royal, annonçait un assouplissement de la réglementation avec une augmentation du nombre de loups pouvant être tués chaque année.
Depuis, de nouvelles dispositions réglementaires et législatives ont été adoptées afin de faciliter les tirs mortels à l’encontre des loups (arrêté du 5 août 2014, projet de loi d’avenir pour l’agriculture).

Rares sont les animaux qui déclenchent autant de passions ; mais avant d’entrer dans des débats idéologiques ou politiques, savons-nous vraiment qui est le loup ?

Loup (Canis lupus) — Quartl/CC BY 3.0

Loup (Canis lupus) — Quartl/CC BY 3.0

Une hiérarchie sociale bien établie

Le loup est un animal très social. Il vit au sein de meutes, qui peuvent être assimilées à des clans familiaux. En France, les meutes comptent de 2 à 8 individus. Les relations entre les membres de la meute sont régies par des règles sociales très strictes : chaque meute est structurée autour d’un couple dominant, appelé couple alpha, qui est le seul couple reproducteur du clan. Le couple alpha empêche les autres membres de la meute de se reproduire.

Les individus dominés et les jeunes constituent le reste de la meute. Les jeunes loups quittent la meute vers l’âge d’un ou deux ans ; ils errent alors à la recherche d’un nouveau territoire et cherchent à fonder leur propre meute.

Carte d’identité
Ordre : Carnivores
Famille : Canidae
Genre : Canis
Espèce : Canis lupus
Caractéristiques
Taille : 68 à 80 cm au garrot
1,20 m à 2 m de long

Poids : entre 20 et 50 kg
Espérance de vie : 12 à 16 ans
Gestation : 63 jours – 3 à 5 petits/portée/an

Une espèce ubiquiste

Le loup est une espèce ubiquiste, ce qui signifie qu’il est capable de s’adapter à des habitats très variés. Historiquement, le loup était présent dans une grande variété de milieux, en plaine comme en montagne, et sous toutes sortes de climats.

En France, on rencontrait le loup sur l’ensemble du territoire. Mais l’espèce, massivement chassée et empoisonnée, a disparu peu avant 1940 (la dernière observation confirmée datant de 1939).
Puis, en 1992, un couple de loups traversa la frontière italienne et pénétra en France par les Alpes du Sud, dans le parc naturel du Mercantour : cet événement marque le début du retour (naturel) du loup sur le territoire français.

Aujourd’hui, la présence du loup est recensée de manière régulière ou occasionnelle dans une quinzaine de départements.

Aire de répartition du loup en France – présence avérée ou occasionnelle en 2013 et 2014 / ONCFS

Lorsque les jeunes loups quittent la meute pour coloniser de nouveaux territoires, ils peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres. Une fois durablement installée, chaque meute occupe un territoire couvrant une superficie de 150 à 300 km2.

Comportement et mode de vie

Pour marquer leur territoire, les individus de la meute poussent des hurlements caractéristiques qui varient en fonction des individus et de leur position sociale.

En général, les loups sont monogames. Une fois par an, les louves donnent naissance à 3 à 5 louveteaux. Pour mettre bas, elles se réfugient dans un terrier ou dans un abri naturel (buisson, abri sous roche…).

 

Carnivore, le loup consomme en moyenne 2 à 4 kg de viande par jour. Il adapte son régime alimentaire aux proies disponibles : cerfs, chevreuils, chamois, mais également des animaux plus petits (lièvres, rongeurs) et il s’attaque parfois aux troupeaux domestiques (ovins et caprins essentiellement).

Une espèce protégée

Au niveau international, le loup est protégé par la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. Canis lupus est inscrit à l’annexe II de cette convention, qui regroupe les espèces strictement protégées. Il est interdit de capturer, tuer ou détériorer l’habitat de ces espèces, sauf dérogation.

A l’échelle de l’Union européenne, le loup est protégé par la Directive Habitats-Faune-Flore en tant qu’espèce « d’intérêt communautaire prioritaire ». Il est interdit de porter atteinte aux espèces protégées par la directive. Toutefois, il est possible de déroger à cette obligation pour prévenir des dommages importants à l’élevage et à condition que cela ne nuise pas au maintien des populations dans un état de conservation favorable.

Gestion de l’espèce en France

Au niveau national, ces obligations de protection sont reprises dans le code de l’environnement et l’arrêté ministériel du 23 avril 2007. La France utilise les possibilités de dérogation à la protection stricte de l’espèce permises par la Convention de Berne et la Directive Habitats-Faune-Flore, afin d’autoriser des tirs de prélèvement (autrement dit, des tirs mortels) sur les loups lorsque les mesures préventives s’avèrent insuffisantes.

La gestion des populations de loups est une question extrêmement complexe. Il semble toutefois indispensable de tenir compte des études menées à ce sujet pour ne pas agir de manière contre-productive. En particulier, les tirs mortels sur les loups peuvent avoir des conséquences très différentes en fonction de l’individu ciblé : par exemple, la mort de l’un des membres du couple dominant peut conduire à l’éparpillement des individus, conduisant à la constitution de nouvelles meutes et à l’accélération de la colonisation des territoires par le loup…


Sources :

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