La semaine dernière, la très controversée ferme des « mille vaches » de Ducrat, dans la Somme, accueillait ses premiers bovins. La traite de 50 vaches laitières a même débuté dès samedi matin, à la suite de quoi les opposants au projet sont une nouvelle fois passés à l’action.

La ferme des mille vaches ?
Localisation : Ducrat (Somme)
Type d’élevage : intensif hors-sol
Cheptel attendu : 1 750 bovins (1 000 vaches, 750 veaux et génisses)
Porteur du projet : Michel Ramery
Opposants notables : Novissen, Confédération paysanne

À l’arrivée du camion venu collecter le lait lundi 15 septembre 2014, les opposants ont organisé un blocus pour l’empêcher de pénétrer sur les lieux. C’était sans compter l’intervention des forces de l’ordre. Compte tenu de la régularité de la ferme vis-à-vis de la loi — les dernières décisions des juridictions administratives ont débouté les opposants de leurs demandes —, les gendarmes ont « déplacé » les militants de l’association Novissen et de la Confédération paysanne, et protégé le camion en formant une « chaîne humaine » afin que la collecte puisse avoir lieu.

À la suite de cet événement, qui s’est déroulé sans heurts et achevé sans garde à vue (ce qui n’a pas toujours été le cas), et au vu du statut quo, une réunion de conciliation a été organisée avec les différents acteurs : le directeur du cabinet de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture ; madame le préfet de la région Picardie ; les porteurs du projet de ferme des mille vaches ; une délégation représentative de l’opposition au projet (Novissen et Confédération paysanne).

Le nombre de vaches en question

Parmi les reproches qui sont fait à la « ferme-usine », il y a celui du nombre de têtes qu’elle comprend. En France, les cheptels ne dépassent pas les 350 bovins ; la moitié des élevages en comportent même moins de 50. Alors, pour les opposants, la ferme des mille vaches marquerait une rupture avec le modèle traditionnel français d’élevage familial. Elle ne ferait qu’aggraver la diminution du nombre d’exploitations agricoles individuelles (-11 % ces dix dernières années) et rendrait l’installation des jeunes agriculteurs plus difficile du fait de l’achat croissant de terres par les exploitations industrielles.

50 vaches, 1 000 vaches. Quelle différence pour l’animal ?

Admettons que le modèle français d’élevage familial soit en danger. Mais qu’un élevage comprenne 50 ou 1 000 vaches, qu’est-ce que cela change véritablement pour l’animal ?

Photo d’une vache

A cow — b3d_/CC BY 2.0

Dans un élevage de type hors-sol, les animaux sont élevés dans des bâtiments et pas en pâture. C’est l’élevage intensif qui veut cela. Les bêtes restent à l’intérieur. Elles y mangent, y dorment ; bref, elles y vivent, sans accès à des parcours extérieurs, avec un espace limité, et ceci que le cheptel soit grand ou petit.

Selon l’association Novissen, il y aurait un risque fort d’épidémie, de mutation incontrôlable de virus, et l’utilisation d’antibiotiques. Pas à cause du nombre de vaches donc, mais du puissant méthaniseur.

Le nombre de vaches n’est pas un problème en lui-même. Les opposants l’avouent : les « mille vaches sont un symbole ».

Une réunion pour quelle conciliation ?

À l’issue de la réunion, les opposants au projet ont suspendu le blocus à compter du mardi 17 septembre 2014, à 18 heures.

Un compromis a été trouvé : la limitation de la puissance et de l’approvisionnement du méthaniseur.

En ce qui concerne le nombre de vaches, l’augmentation des effectifs pourra bel et bien être réalisée jusqu’à atteindre 1 000 vaches, dans le respect du droit en vigueur. Notamment, une enquête publique devra être effectuée préalablement à toute autorisation d’agrandissement du cheptel au-delà de 900 vaches.

Dans tous les cas, la Confédération paysanne l’assure : « le combat continue ».

Mais au-delà de ce débat sur le nombre de vaches, sur la taille et le type d’exploitations agricoles, n’oublions pas qu’il reste des efforts à faire concernant les conditions d’élevage et le bien-être animal dans les élevages laitiers, en particulier hors-sol.


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