Les humains n’ont plus l’apanage de la culture. En novembre 2014, lors de la 11ème conférence relative à la Convention sur les espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (un traité international conclu sous l’égide de l’ONU et auquel la France a adhéré en 1990), l’existence d’une culture non humaine a été officiellement reconnue.

Considérant que certaines espèces animales possèdent la capacité de transmettre leurs connaissances par un phénomène d’apprentissage, la 23ème résolution adoptée lors de la conférence encourage la communauté internationale à préserver ces cultures animales, au même titre que les écosystèmes par exemple.

Un pas de plus vers la reconnaissance des animaux en tant qu’êtres sensibles et complexes.

Partage et transmission des savoirs grâce à l’apprentissage

Dans le cadre de la 23ème résolution de la Convention sur les espèces migratrices, adoptée lors de la 11ème conférence des Parties en novembre 2014 à Quito, il a été reconnu « qu’un certain nombre d’espèces mammifères socialement complexes, telles que plusieurs espèces de cétacés, de grands singes et d’éléphants, montrent qu’elles ont une culture non-humaine ».

Luke Rendell, biologiste à l’université de St Andrews (Ecosse), précise que la culture est définie comme « l’ensemble des informations et des comportements partagés par une communauté, acquise à travers une forme d’apprentissage social ».

Depuis plusieurs années, les chercheurs ont mis en évidence des aptitudes à la transmission d’informations et de savoirs à travers un phénomène d’apprentissage social.

Dans un précédent article, le Journal des animaux s’était consacré au langage des orques. Nous indiquions alors qu’en complément d’un langage « inné », constitué de 3 types de sons bien identifiés, les orques étaient capables d’apprendre et d’imiter les sons émis par les dauphins. Cette capacité d’imiter de nouveaux sons et d’apprendre à les utiliser correctement dans une situation donnée est connue sous le nom d’apprentissage vocal.

Pour en savoir plus, lire notre article : Les orques peuvent apprendre le langage des dauphins.

D’autres espèces ont démontré d’étonnantes capacités d’apprentissage, témoignant de l’existence d’une forme de culture partagée par certaines sociétés animales.
Dans les années 1950, l’étude de macaques japonais a montré qu’un comportement initié par un individu – en l’occurrence une femelle qui avait eu l’idée de laver les aliments avant de les manger – pouvait être compris et imité par l’ensemble des membres du groupe.
De même, en Angleterre, les chercheurs ont observé qu’une technique mise au point par certaines mésanges – percer l’opercule des bouteilles de lait déposées sur le palier des maisons pour en boire le contenu – s’est rapidement répandue dans tout le pays.

Mésange bleue

Mésange bleue / Blue Tit — Jean-Jacques Boujot/CC BY-SA 2.0

Un patrimoine à préserver

En reconnaissant l’existence d’une culture animale, la 23ème résolution de la Convention sur les espèces migratrices souligne la « complexité sociale des mammifères« , et indique « que les populations de certaines espèces sont mieux définies par des comportements culturels que par une diversité génétique ou un isolement géographique ».

L’ONU reconnaît également que les activités humaines peuvent impacter négativement les phénomènes de transmission des connaissances entre les animaux. Or la transmission des informations entre différents groupes permet une « propagation rapide des innovations et, par conséquent, d’adaptation aux changements environnementaux ».

Cette nouvelle résolution de la Convention sur les espèces migratrices conclue donc à l’importance de préserver les différentes formes de cultures animales, et pas seulement la diversité génétique des espèces. Afin de traduire concrètement ces bonnes intentions, un groupe d’expert sera chargé d’identifier une liste de facteurs clés à prendre en considération pour assurer une conservation efficace des espèces et de leur culture.


Sources :

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3 commentaires ont été publiés

  1. nathalie54 Le 27 mai 2015, à 13 h 23

    Bonne nouvelle !

  2. CAUCHYE jean Le 18 octobre 2016, à 16 h 22

    Chapeau bas pour les expérimentateurs ! UNE OBSERVATION PERSONNELLE :
    Dans mon garage , un nid de frelons s’était installé dans une fissure du mur . Par précaution , j’ai obturé la fissure avec du ciment . Hélas , il restait ouvert un minuscule orifice . Un frelon s’est extrait avec de grandes difficultés , mais le suivant restait coincé . Le premier frelon a fait demi-tour , et a tiré peu à peu son camarade de ce mauvais pas , après quoi les deux rescapés se sont envolés .

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